"Méfie toi Marïna, à force d'être trop gentille,ça va te retomber dessus."
Je ne voulais pas croire les gens qui me disaient ça. Je pensais qu'aider les autres ne pouvait que leur faire du bien ainsi qu'à moi parce que j'avais rendu service. Depuis petite c'était pour moi une évidence, aussi évident que mon amour pour les livres.
***
Marïna, 8 ans.-Eh laissez le tranquille !
-Oh Marïna fout nous la paix, s'écria un petit garçon.
-Pourquoi vous êtes méchant avec lui ? s'écria la petite fille à la chevelure rousse.
Elle n'avait pas peur de la bande de garçons, elle s'avançait bravement vers eux et le petit garçon à lunettes qu'ils embêtaient. Celui-ci était par terre, sanglotant piteusement, ses lunettes tordues et des bleus sur le corps.
-On est méchant parce que c'est un crétin fini et un petit intello, répondit un gamin en riant.
-Vous n'avez pas le droit de faire ça. Vous n'êtes que des idiots jaloux et sans cervelle. Vous devriez avoir honte de faire du mal aux autres.
-Oh ferme là poil de carotte, s'écria un autre garçon en la bousculant.
-Non je ne me tairais pas, cria Marïna en bousculant le garçon. Je ne partirais pas temps que vous ne le laisserez pas tranquille.
-Espèce d'idiote. Laisse nous tranquille, dit un des gamins en lui tirant les cheveux.
-Oui va t'en sinon on te fera manger des araignées.
Marïna se fit bousculer, moquer mais elle teint bon, refusant de laisser le garçon victime plus longtemps de ces gamins sans coeur. Ennuyés par les réprimandes de la petite rousse et des pleunircheries de leur victime, la bande de garçons s'en alla enfin, non sans avoir donné une dernière gifle à Marïna pour la faire taire.
Marïna alla rapidement aider le petite garçon à se relever.
-Tu vas bien ?
-...Oui...ça va...mes..mes lunettes, sanglota t'il.
-Elles sont cassés, je suis désolée, dit Marïna piteusement.
-Merci de m'avoir aidé.
-De rien. Allés vient avec moi, on va aller à l'infirmerie.
J'ai toujours ressenti le besoin d'aider les autres. De leur tendre la main. Je n'ai jamais aimé les brimades, je n'ai jamais pu supporter les boucs émissaires. Alors que tout le monde se moquait d'eux, moi je ressentais le besoin de les protéger. Moi qui était toujours discrète, occupée à lire, à vivre dans mes livres...moi que tout le monde connaissait comme "poil de carotte la liseuse"...moi je levais les yeux de mon livre pour aider ceux qu'on embêtait, dont on se moquait, qu'on frappait. C'est quelque chose qui fait parti de moi, je ressens toujours le besoin de protéger et d'aider les autres. Mon père dit que je suis trop gentille. Je le sais que ma trop grande gentillesse, ma trop grande envie d'aider les autres me vaut des ennuis. Je sais que des fois on m'a bernée parce qu'on croyait que ma gentillesse rimait avec stupidité. Je sais que mon envie de défendre les autres m'a valu des fois de recevoir des bleus et des coups. J'en ai souvent subi le traitement des victimes. Mais je n'ai jamais voulu renoncer parce que je savais que lorsque je tendais la main vers celui qui était seul, vers celle qui pleurait, vers celui qui avait besoin de se confier...j'aidais à ma façon.
Certains ne voulait pas me parler et je pouvais comprendre que ma curiosité et ma bonne volonté qui pouvait être prise pour de l'indiscrétion pouvaient en gêner certains...après tout j'aime m'isoler et je parle peu de moi avec mes amis. Trop gentille, c'est ma qualité et mon défaut. Parce ma trop grande envie de faire du bien m'amène à ignorer ma peur et à me mettre en fâcheuse posture. Comme ce jour-là.
***
Marïna, 15 ans.La jeune Kohaku sortit de la librairie, les mains chargées de livres et de manuels scolaires. Il faisait plutôt frais aujourd'hui, le ciel était noir chargé de gros nuages qui offraient leur ventre grisonnant aux passants. Marïna se faufilait un passage parmi les badauds, ses cheveux roux en bataille, emmitouflées comme à son habitude dans une robe pull bien ample avec des collants, des bottines et une bonne grosse écharpe.
Au détour d'une ruelle déserte, elle aperçut une petite fille qui pleurait en courant vers elle.
-Aidez moi ! Aidez moi s'il vous plaît.
-Qu'est ce qui t'arrives, demanda Marïna surprise.
Elle aperçut alors un homme qui tomba d'un toit juste derrière la petite fille, ses yeux étaient rouges et son allure plus proche d'une bête que d'un être humain. La petite fille hurla et s'enfuit, laissant Marïna seule avec cet homme.
-Tu as fait partir ma proie, dit il d'une voix étrange.
-Quoi ? dit Marïna qui commençait à trembler de peur, ne comprenant rien à la situation.
-Mais tu as l'air tellement appétissante, ton parfum est délicieux. Je vais te croquer avec douceur ne t'en fait pas.
-...Quoi ? Lâchez moi, hurla Marïna en se mettant à courir dans un dédales de ruelles.
Elles avait laissé tomber ses livres pour mieux s'enfuir, courant dans les rues, s'enfonçant de plus en plus dans des ruelles désertes et abandonnées. Le rire de cet homme résonnant dans sa tête et tout autour d'elle. Elle arriva dans une impasse. Effrayée, les yeux pleins de larmes, Marïna voulu rebrousser chemin mais l'homme était derrière elle, un sourire carnassier sur le visage dévoilant des...canines ?! Non c'est pas possible ! Elle était en pleins délire ce n'était pas possible. Ca ne pouvait exister de tel être, de tel monstre. Elle voulu courir et tenter une fuite mais l'homme l'attrapa sans ménagement et la plaqua contre le mur.
Elle se débattait, pleurait, suppliait mais rien n'y faisait. Au contraire son agresseur n'en était que plus heureux. Il s'approcha et la mordit avec violence au cou. Marïna hurla, entendant son sang couler dans la gorge du vampire, ainsi qui faut le nommer, elle avait l'impression qu'on lui prenait plus que la vie en cet instant, elle avait l'impression qu'on violer son intimité, son âme. Elle pleura horrifiée, apeurée et tomba dans les pommes.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Marïna se trouvait dans une chambre d'Hôpital, son père à côté d'elle, le visage inquiet. Elle lui demanda ce qui s'était passé, celui-ci lui raconta qu'elle avait été agressée par un homme et qu'il l'avait menacé avec un couteau. Un homme l'avait sauvée juste à temps mais il n'avait pu empêcher la jeune fille de recevoir un coup de couteau au cou, d'où sa marque. Selon son père, elle ne devait plus se rappeler de rien à cause du traumatisme de l'agression. Marïna ne savait pas quoi dire, elle tâta le bandage à son cou. Ce que lui racontait son père lui semblait bien plus plausible que l'idée d'être agressée par un vampire. Pourtant elle ne pouvait oublier les yeux rouges et le bruit de son sang qu'on avalait.
Fatiguée elle retomba de nouveau dans un profond sommeil et avec le temps elle préféra accepter la version de son père.
Cette agression reste pour moi un cauchemar. Un cauchemar qui revient des fois me hanter la nuit...c'est pour ça que j'ai peur du noir, des yeux rouges, de me promener seule la nuit ou en ville. Je ne regrette pas d'avoir aidé cette petite fille, ma gentillesse n'a pas disparu pour autant mais mon côté peureux n'en est devenu que plus fort. Maintenant j'ai peur de tout, avant j'avais juste peur du danger et des araignées maintenant je crains tout. Les garçons s'amusent à me taquiner sur ça et les filles me trouvent cruche de hurler pour un lapin qui fait bouger un buisson...mais ils ne peuvent pas savoir au fond pourquoi j'ai peur...d'ailleur ce serait idiot d'apprendre que j'ai peur de tout à cause d'une agression et d'un cauchemar.
J'ai maintenant 17 ans, je suis à l'Académie Cross dans la Day class. Je suis aussi une membre du personnel car j'aide à la bibliothèque pour mon plus grand bonheur moi qui aime tant les livres et travailler au calme dans une bibliothèque. Je suis une bonne élève, du moins j'essaye pour que mon père soit fière de moi. J'aide toujours mes amis ou les autres élèves et comme toujours tout le monde sait que je suis la rouquine gentille, serviable et peureuse...une réputation qui me collera toujours à la peau.
Certaines filles apprécient les élèves de la Night class...moi ils me font peur, je les trouvent inquiétant. Je ne sais pas pourquoi, c'est idiot.